Retour sur le festival OFF du Teatro Strappato à Avignon

Avec son spectacle Betún, la compagnie a bouleversé les spectateurs, voici quelques articles de l’évènement…

Sonia Garcia-Tahar - LE DAUPHINE LIBERE - 23 juillet - AVIGNON /2022

“ Des sacs-poubelles qui débordent de détritus….Non, Betun n’est pas un mauvais thriller, mais le quotidien des enfants des rues. Des êtres humains traités comme des déchets, qui vivent parmi les déchets. Il fallait une compagnie rodée au jeu du masque pour affronter avec pudeur, mais sans retenue, le plus grand des tabous  : les horreurs qui s’abattent sur ces enfants démunis. La cie Teatro Strappato s’y attelle avec une poésie et un humour désarmant… Dans ce spectacle sans parole, où la musique se mêle aux bruits du métro et de la circulation, le spectateur reçoit en pleine face les scènes les plus dures… Beau et terrible à la fois. « 

Louise Chevillard - LA TERRASSE - GROS PLAN - AVIGNON / 2022

“ Betùn l’histoire d’un petit garçon des rues, inspirée de récits entendus sur le terrain bolivien. Un théâtre de masques sans parole qui donne voix à ces centaines de millions d’enfants laissés pour compte.  Vene Vieitez grandit à Caracas, au Venezuela. Petit, on lui somme de ne pas s’approcher d’eux, les enfants des rues. « Trop dangereux ». Des années plus tard, en 2015, à la tête du Teatro Strappato, émerge alors l’envie de traduire sur un plateau cette existence dure, cette réalité déconcertante, ce piège qui enferme ces milliers d’enfants à l’extérieur… Les masques de cuir révèlent l’insoutenable. 9 tableaux : 4 rêves et 5 réalités articulent la proposition au rythme des sonates de Camille Saint-Saëns. Ce sont surtout les masques, créations artisanales emblématiques du Teatro Strappato, qui permettent de transcrire sur scène la terrible condamnation de ces enfants. Autorisant aux spectateurs l’accès à la dimension fictionnelle, l’acteur derrière le masque disparaît au profit des histoires qu’il raconte. Le cuir et l’argile constitués sur mesure instaurent des figures inquiétantes, terrifiantes. Tout se fait à vue, comme pour signifier le manque d’intimité que vivent les enfants sans-abri. Racontée comme un conte musical, c’est une réelle tragédie qui est mise en scène, que le Teatro Strappato  s’attache à révéler. “

Claudine Arrazat - AVIGNON / 2022

« Poignant, Éloquent, Bouleversant… Betun, cet enfant aux proies des dangers de la rue et de ses réalités. Un enfant abandonné qui rêve parfois du retour de sa mère et de la fin de ce cauchemar. Un enfant aux prises avec la faim, les voleurs d’organes, la drogue…. C’est magnifiquement joué, ça transperce le cœur, émouvant, tragique dans sa réalité. Un spectacle que l’on ne peut oublier qui vous chavire. C’est l’histoire d’un enfant comme il y en a beaucoup trop  100 millions dans notre monde….. Betun ainsi que tous les protagonistes de ce conte sont masqués. Les masques intensifient l’émotion et curieusement donnent une grande réalité aux personnages… Cette histoire tragique est remplie de poésie et de tendresse…. La scénographie nous plonge dans l’univers sordide de la rue, nous y sommes, nous ressentons les odeurs et l’angoisse de l’inconnue. La mise en scène est merveilleusement bien orchestrée… Vene Vieitez interprète avec brio les différents personnages qui hantent la rue, … Il nous fait frémir et nous captive. Cecilia Scrittore est exceptionnelle, nous découvrons son univers avec émoi. Sa gestuelle  expressive et harmonieuse, reflète ses peurs, ses angoisses et ses rêves. Elle nous captive et nous bouleverse. Spectacle magnifique à voir Absolument. »

Gerard Huin d’Angelo - Chronique

Ça pourrait se passer n’importe où…ça se passe là où tu ne le voudrais pas : La Paz, Calcutta, Naples, le Périph…en vrai, une « planète » de 100 millions d’enfants à travers le monde. Le Teatro Strappato nous invite à partager le quotidien de Betún, Petit Poucet flottant comme un bouchon sur l’eau, chahuté par le flot de la misère suburbaine triomphante. Par une galerie de portraits kaléidoscopique, la solitude, l’abandon, les rêves de tendresse, les guerres de territoire, la volonté de possession, la violence sous toutes ses formes y compris les moins dicibles nous percutent en plein cœur par ce redoutable exercice de théâtre masqué chorégraphié, évoluant sur une bande son hypersensible. La régie lumière joue également un rôle fondamental pour mieux imprégner sur nos rétines et nos émotions le climat glauque de ces urgences de survie. On ne sort pas indemne de ce spectacle au delà des mots. Mais on en sort plus généreux. Bravo aux interprètes : Cecilia Scrittore et Vene Vieitez (qui signe aussi l’argument et  la mise en scène).